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L’urgence d’augmenter la capacité de transport de l’Afrique du Sud

Par Vincenzia Leitich, directrice générale – Énergie et infrastructures, Standard Bank

L’Afrique du Sud ne manque ni d’ambition ni de potentiel en matière de réforme énergétique. Le marché des énergies renouvelables du pays est en pleine maturité. L’appétit pour les investissements augmente et les changements de politique, comme la récente loi sur la régulation de l’électricité, témoignent d’un engagement résolu en faveur d’un marché de l’énergie plus compétitif, durable et compétitif. Cependant, un obstacle freine encore cette dynamique : le transport.

Malgré des milliards de rands investis dans la production, plus de 20 GW d’énergie renouvelable restent inexploités en raison d’un réseau électrique insuffisant. Alors que le pays s’efforce de répondre à la demande énergétique croissante et de décarboner son économie, le transport d’électricité s’impose comme le principal facteur de sécurité énergétique et de croissance bas carbone.

Il est important de noter que l’absence de réseau de transport n’est pas seulement un obstacle technique. C’est le levier essentiel pour engager une véritable transformation énergétique. Grâce à un accès ouvert au réseau, davantage de producteurs d’électricité indépendants (IPP) pourront participer et, plus important encore, la capacité accrue créée par un écosystème de transport robuste permettra à l’Afrique du Sud d’exploiter pleinement le potentiel des énergies renouvelables, réduisant ainsi les émissions tout en améliorant la fiabilité.

La bonne nouvelle est que nous semblons enfin être sur la voie d’une capacité de transport accrue. La création de la National Transmission Company of South Africa (NTCSA), issue d’Eskom, a marqué une étape importante dans ce processus. Cette séparation permettra un accès ouvert et transparent au réseau pour les producteurs publics et privés. Elle ouvrira également la voie au commerce de l’électricité via des plateformes de marché et des accords de transit, jetant ainsi les bases d’un secteur de l’électricité plus dynamique et plus compétitif.

La NTCSA, associée au programme de projets de transport indépendants (ITP), plaide en faveur d’une participation du secteur privé, non seulement à la production, mais aussi à l’infrastructure du réseau. Cependant, le chemin à parcourir est encore long. Le Plan de développement du transport (TDP) 2024 fixe l’objectif ambitieux d’intégrer environ 56 GW de nouvelle production et de construire plus de 14 000 km de lignes de transport d’ici 2034, soit dans moins de 10 ans. La phase initiale jusqu’en 2029 vise un objectif plus réaliste de 5 043 km de lignes électriques, mais avec seulement 286 km prévus pour 2025, l’écart entre ambition et réalisation reste immense.

De plus, les contraintes financières d’Eskom et le niveau d’endettement national limitant la capacité du gouvernement à financer ces projets, le succès du programme ITP dépendra fortement de l’adhésion, des partenariats et des investissements du secteur privé. L’investissement privé dans ces projets ITP nécessitera des modèles de revenus clairs, des structures tarifaires prévisibles et des contreparties crédibles. Le secteur privé a besoin de certitudes, non seulement en matière de rendement, mais aussi en matière de résiliation et de recours en cas de non-paiement.

L’Afrique du Sud pourrait tirer les leçons des partenariats public-privé passés, comme le Programme d’approvisionnement auprès des producteurs indépendants d’énergie renouvelable (REIPPPP). Un environnement réglementaire stable, prévisible et transparent, appliqué de manière cohérente, est essentiel. Les investisseurs auront besoin d’une certitude absolue concernant les structures tarifaires, les accords d’achat avec la NTCSA et la sécurité à long terme de leurs investissements substantiels. L’engagement du gouvernement en faveur des appels d’offres en phase finale – garantissant que les autorisations environnementales et les servitudes sont largement en place avant les appels d’offres – constitue une mesure judicieuse pour réduire les risques liés aux projets.

Standard Bank est activement impliquée dans ce secteur et œuvre à la structuration de modèles de transport d’électricité bancables. Il existe de nombreuses pistes pour réduire les risques liés aux investissements dans le transport d’électricité, et nous pouvons nous appuyer sur les enseignements et les précédents internationaux pour y parvenir. Des pays comme le Brésil et le Pérou ont déployé avec succès des modèles BOOT (Build, Own, Operate, Transfer) pour fournir des milliers de kilomètres d’infrastructures de réseau. Nous ne voyons aucune raison pour que l’Afrique du Sud ne puisse pas faire de même.

Les infrastructures de transport ne doivent pas nécessairement constituer un goulot d’étranglement ; elles sont un moteur de la réforme énergétique. Mais pour y parvenir, elles doivent devenir une priorité d’investissement nationale.

Des signes encourageants laissent présager que cela pourrait être le cas. La demande d’information (RFI) menée entre décembre 2024 et février 2025 a permis de recueillir les avis des acteurs du marché sur les moyens d’accélérer le développement des infrastructures de transport.

D’autres étapes importantes incluent la publication imminente de la demande de propositions (RFP) complète, qui marquera un changement essentiel entre les discussions et la planification et l’exécution, et permettra au gouvernement de façonner les cadres juridiques, les mécanismes d’approvisionnement et les instruments de soutien qui guideront le premier lot de projets de transmission indépendants vers le marché.

Il s’agit de la prochaine étape cruciale pour faire passer la réalité énergétique de l’Afrique du Sud de la gestion de crise à une résilience durable et à long terme.

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