L’Africa Energy Forum (AEF), organisé par la société britannique EnergyNet, s’est ouvert ce mardi 17 juin au Centre international des congrès du Cap (CTICC), en Afrique du Sud, sur le thème de l’unité de l’Afrique dans le domaine de l’Energie. Une occasion pour les acteurs de ce secteur de confronter leurs idées aux fins d’exploiter l’immense potentialité dont dispose le continent.
Parmi eux, le ministre sud-africain de l’Électricité et de l’Énergie, Dr Kgosientsho Ramokgopa, qui, après ses mots de bienvenue, a appelé aux investissements et aux réformes : « si les investissements appropriés sont mobilisés et les réformes mises en œuvre, l’Afrique deviendra un pôle mondial pour les industries à forte intensité énergétique ».
« Avec une demande énergétique qui devrait tripler d’ici 2040 et une baisse rapide du coût des technologies renouvelables, le continent dispose d’une opportunité pour exploiter son potentiel énergétique propre, non seulement pour électrifier les foyers, mais aussi pour alimenter les industries, notamment la production d’engrais, l’acier vert, le ciment, l’hydrogène et la valorisation des minéraux. », a aussi indiqué le ministre, tout en soulignant, par ailleurs, que « l’électricité n’est pas un luxe », mais « un droit humain fondamental et fondamental ».
Unité
Evoquant le sujet de l’unité entre les pays du continent dans le domaine du continent, Dr Ramokgopa a cité l’exemple du Mozambique, de la Namibie et de son pays : « le gaz naturel liquéfié (GNL) du Mozambique et le gaz naturel de la Namibie sont sur le point d’entrer dans des chaînes de valeur à forte intensité énergétique, tandis que l’émergence de l’Afrique du Sud dans l’espace nucléaire grâce au développement de la technologie des petits réacteurs modulaires pourrait fournir une énergie de base décentralisée dans le cadre de l’intégration régionale et industrielle », a-t-il dit.
En ce qui concerne les défis, le ministre sud-africain a mentionné, entre autres, le paysage infrastructurel fragmenté et coût élevé du capital, lesquels constituent des contraintes structurelles qui entravent la croissance économique inclusive et la création d’emplois. Pourtant, a-t-il insisté, l’énergie n’est plus seulement un apport technique ou économique, mais une « force géopolitique qui façonne la dynamique du commerce mondial ».
Cohérence, clarté et ambition collective
Ainsi donc, pour lui, ce changement de paradigme énergétique mondial représente une opportunité rare et urgente. D’où la nécessité de la recherche d’autres alternatives : « avec ses vastes ressources en énergies renouvelables, en ressources et en minéraux essentiels, l’Afrique n’est pas en marge. Il est au cœur même d’un avenir énergétique mondial réinventé, qui, pour notre continent, se caractérise par la sécurité, l’accès, l’accessibilité financière et la résilience », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : « mais pour que l’Afrique réalise ce potentiel, nous devons aborder ce moment avec cohérence, clarté et ambition collective. Nous devons le faire en nous appuyant sur nos priorités souveraines de développement, tout en restant attachés aux principes du multilatéralisme et des responsabilités communes mais différenciées. »
Selon les données, l’industrialisation est freinée par des pannes de courant chroniques, qui coûtent jusqu’à 24 % du PIB dans certains pays.
Pour sa part, le ministre nigérian de l’Energie, Adebayo Adelabu, a réitéré la nécessité d’une plus grande envergure et d’une coordination accrue. « Nous devons voir grand, agir avec audace et travailler ensemble. Les marchés régionaux de l’électricité, l’harmonisation des réglementations et les grands projets d’infrastructures sont le seul moyen d’assurer la sécurité énergétique et de stimuler l’industrialisation du continent ».
Un forum de « réalisations »
S’exprimant en ligne aux délégués présents, le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a rappelé que son pays a mis en œuvre des réformes visant à réduire le coût des projets énergétiques jusqu’à 40 % grâce à une accélération des procédures d’autorisation et de réglementation. Ajoutant que le Nigéria a obtenu plus de 8 milliards de dollars d’investissements énergétiques au cours de l’année écoulée.
Allant plus loin, son homologue du Ghana, John Dramani Mahama, a déclaré que les « plans énergétiques doivent servir nos communautés rurales, et pas seulement nos capitales ». Et d’appeler à une autonomisation des jeunes, et « pas seulement (de) nos entreprises ».
« L’Afrique a besoin d’au moins 90 milliards de dollars d’investissements annuels dans le secteur énergétique d’ici 2030. Cet objectif est réalisable si nous établissons des partenariats pertinents, réduisons les risques liés aux investissements et privilégions des modèles durables et inclusifs », a pour sa part rappelé le président de la Banque africaine de développement (BAD), Dr Akinwumi Adesina.
Donnant le ton de ce qui est attendu au soir du forum, Simon Gosling, directeur général d’EnergyNet, a indiqué que le « forum n’est pas une question de promesses, mais de réalisations. L’Afrique se trouve à un tournant historique. Ce que nous déciderons de faire ensemble dans les jours à venir façonnera notre avenir énergétique pour les générations à venir. »