« La corruption est le principal obstacle au développement économique et social dans le monde. Chaque année, 1 000 milliards de dollars sont versés en pots-de-vin tandis que quelque 2 600 milliards de dollars, soit plus de 5 % du PIB mondial, sont détournés », déclare l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
La corruption compromet les perspectives de croissance et de développement de l’Afrique, lui faisant perdre chaque année, environ 25% son PIB. Ce fléau, qui mine la gouvernance, freine les investissements et accroît les inégalités, figure aujourd’hui au cœur des priorités de la Banque africaine de développement.
Alors que les Assemblées annuelles 2025 auront pour thème « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement », la lutte contre la corruption apparaît comme un levier incontournable pour libérer ce potentiel. Comme l’a souligné le Président de la Banque, Akinwumi Adesina : « La corruption n’investit pas dans l’avenir. Elle le tue. »
Une action stratégique à plusieurs niveaux
Fidèle à son mandat, la Banque africaine de développement s’engage avec détermination pour renforcer la transparence, l’intégrité et la redevabilité sur le continent. Elle met en œuvre une approche multidimensionnelle qui repose sur les instruments suivants.
Il s’agit de la Stratégie décennale 2024–2033 centrée sur la gouvernance économique et la lutte contre la corruption ; mais aussi d’un Plan d’action 2025–2026 sur le blanchiment de capitaux et les flux financiers illicites, visant à améliorer les cadres réglementaires, la transparence des bénéficiaires effectifs et les capacités de surveillance ; ces outils seront renforcés par le Plan d’action anti-corruption 2025–2030 – en cours d’élaboration-, articulé autour du renforcement des institutions de contrôle, de la transparence des marchés publics, de la mobilisation citoyenne et de la coopération internationale.
Renforcement de la gouvernance publique
Dans les opérations de prêt, la Banque intègre des dispositifs rigoureux d’évaluation des risques de gouvernance et de corruption. À travers les évaluations pays (CPIA) et les analyses fiduciaires (CFRA), la Banque identifie les vulnérabilités et accompagne les pays dans la mise en œuvre de réformes ciblées.
Ainsi en Côte d’Ivoire, la Banque a soutenu l’adoption d’une Stratégie nationale anti-corruption et la révision du cadre légal.
Au Soudan du Sud, elle prépare des sessions de formation pour renforcer les capacités de l’agence nationale anti-corruption. Et en Égypte, elle a appuyé le renforcement des fonctions d’enquête et de contrôle de l’Administrative Control Agency.
Une coopération renforcée pour le recouvrement d’avoirs
La Banque est un acteur clé dans l’opérationnalisation de la Position africaine commune sur le recouvrement d’avoirs (CAPAR). Elle soutient également le Forum africain des praticiens du recouvrement d’avoirs, tout en coopérant étroitement avec l’Union africaine, l’UNODC et la GIZ.
Son engagement s’étend à la promotion de la transparence des bénéficiaires effectifs via le réseau ABENOT, contribuant ainsi à freiner les flux financiers illicites et renforcer les capacités de contrôle des États.
Prévention, enquêtes et sanctions
À travers son Bureau de l’intégrité et de la lutte contre la corruption (PIAC), la Banque mène des enquêtes indépendantes, applique des sanctions et effectue des examens d’intégrité sur les projets à risque. En 2020, 155 entités ont été exclues, dans le cadre de l’Accord d’application mutuelle des décisions d’exclusion signé avec les principales banques multilatérales.
La Banque promeut également une gouvernance inclusive et sensible au genre, intégrant les femmes et les groupes marginalisés dans les dispositifs anti-corruption. Elle renforce le rôle de la société civile, des journalistes et du secteur privé dans la transparence des finances publiques et la surveillance citoyenne.