Expliquer le concept de la dette, son importance et les indicateurs de mesure de son incidence macroéconomique au grand public, c’est l’objet de cet article qui met également en lumière la notion de droits de tirages spéciaux (DTS).
En effet, l’endettement comporte des risques et des implications économiques importantes. Et le recours aux DTS lors de la pandémie de Covid-19 constitue une option précieuse à explorer, selon l’auteur de cet article rédigé dans le cadre d’une action menée par le Conseil Épiscopal Justice et Paix – Togo (CEJP-Togo), en insistant sur le fait que le système d’allocation tienne également compte des chocs, des vulnérabilités et de la capacité de résilience spécifiques à chaque région.
3.5 Allocation et réallocation des DTS
Le FMI est autorisé, en vertu de ses Statuts, à allouer des droits de tirage spéciaux soit par le biais d’une allocation générale, qui bénéficie à l’ensemble de ses membres, soit par le biais d’une allocation spéciale. Depuis sa création, cinq (5) allocations générales et 1 allocation spéciale ont été effectuées. Les DTS sont alloués sans contrepartie, ils sont créés ex nihilo, ils sont un pur jeu d’écritures. La banque centrale d’un pays membre inscrit à son actif, dans ses réserves, les DTS qui lui sont alloués par le Fonds, et comme elle n’a rien cédé en contrepartie, ni rien promis, même pas de les rembourser, elle inscrit à son passif que ces DTS sont un don du FMI, « allocations de DTS ». Les DTS sont émis sans contrepartie, mais il faut bien qu’ils aient une valeur. On a simplement décidé qu’un DTS vaudrait 0,888 671 grammes d’or, soit à cette période un dollar américain. Et il a été décidé qu’il ne coûterait rien – les allocations sont gratuites – et qu’il ne rapporterait rien, du moins en lui-même.
En plus des allocations générales et spéciales, les pays et les détenteurs agréés peuvent acquérir des droits de tirage spéciaux par échange ou réallocation d’un pays à un autre. L’échange a lieu volontairement par l’intermédiaire du Département des droits de tirage spéciaux, où les pays, les détenteurs agréés et le FMI peuvent détenir, vendre ou acheter des droits de tirage spéciaux. Ainsi, au 31 août 2022, des accords commerciaux volontaires existaient entre le FMI et 39 participants aux droits de tirage spéciaux et un détenteur agréé, et les capacités d’achat et de vente des accords commerciaux volontaires étaient estimées par le FMI à quelque 237 milliards et 134 milliards de droits de tirage spéciaux.
3.6 Option obtention des DTS
Le DTS est caractérisé par une allocation inégale car l’allocation est basée sur une formule qui est déterminée par la quote-part ou la part des pays membres dans le Fonds. Par exemple, lors des dernières allocations effectuées en août 2021, les deux tiers de l’allocation totale de 650 milliards de dollars sont allés aux économies développées (plus précisément aux pays du G20), les États-Unis recevant à eux seuls 17 %, bien que l’utilisation du DTS par ces pays ait été historiquement faible. L’Afrique n’a reçu que 5,12 % du total des allocations, dont 1,16 % pour le Nigeria et l’Afrique du Sud, et environ 0,1 % pour le Ghana.
Le FMI propose deux options pour obtenir des droits de tirage spéciaux en faveur des pays à faible revenu : (i) le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité ; (ii) le Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance. Le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité a été créé par le FMI en avril 2022 et opérationnel en octobre 2022. L’objectif de ce fonds est d’aider les pays à surmonter les défis structurels à long terme découlant en particulier du changement climatique et de la préparation aux pandémies. Ce fonds contribue à la mise en place de la facilité pour la résilience et la viabilité pour fournir un soutien et un financement à plus long terme, en vue de renforcer la résilience, la viabilité et la stabilité extérieure des pays remplissant les conditions requises. Quant au Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, il fournit une assistance financière concessionnelle. Elle constitue un mécanisme fiable pour prêter des droits de tirage spéciaux aux pays à faible revenu remplissant les conditions requises.
4. Conclusion
La dette publique joue un rôle essentiel dans le financement du développement. Il s’agit de ressources mobilisées destinées à financer entre autres les investissements publics de grande envergure, les dépenses publiques ainsi que les déficits budgétaires. La dette publique peut provenir des agents économiques internes et/ou externes. Cependant, l’endettement comporte des risques et des implications économiques importantes. L’un des recours aux crises de l’endettement reste les droits de tirage spéciaux du FMI. Ce recours est une option précieuse à explorer en insistant sur le fait que le système d’allocation tienne également compte des chocs, des vulnérabilités et de la capacité de résilience spécifiques à chaque région.