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Erosion côtière : le gouvernement sensible aux cris des populations victimes

Au Togo, la mer avale la côte à grande vitesse. Avec le changement climatique et la montée des eaux, tout le littoral est exposé à l’érosion. Plusieurs habitations sont emportées par les vagues de la mer au grand dam des populations riveraines. Le gouvernement conscient de la situation déploie de grands moyens.

La côte togolaise longue de cinquante kilomètres n’est pas épargnée par le phénomène de l’érosion côtière. Plusieurs habitations, restaurants, magasins et même des routes sont détruits par les vagues laissant les populations dans la désolation. « Nous sommes nés dans ce village et là, se trouvait notre maison. On avait six pièces pour tous et chacun avait la sienne. Nos parents avaient à part, une chambre-salon WC douche. Nous avons grandi ici avant que la mer ne commence à éroder la plage et la maison. Les 6 pièces sont parties en premier. On s’est tous retrouvés dans une pièce. Un jour, la mer a tout emporté », témoigne une victime de l’érosion côtière à Doevi Kopé, un village de la commune du Golfe 6 (Baguida) à l’est de Lomé, situé sur le littoral togolais.

Pour le chef ce village, le phénomène n’est pas récent. « Quatre de nos palais ont déjà été emportés par la mer. Le tout premier en 1968. J’étais encore enfant quand en pleine nuit la mer nous a envahis. Au réveil, nous n’avons réussi à récupérer quoi que soit de nos biens », explique Togbui Doevi Dolayi Doevi, chef traditionnel de Doevi kopé.

Un peu plus loin dans le canton d’Agbodrafo, la situation n’est pas aussi reluisante. La mer avance à grand pas faisant disparaitre les habitations obligeant les riverains à un perpétuel mouvement à reculons. Sous la forte pression des vagues, l’église catholique a abandonné la paroisse St Joseph de la localité pour s’offrir un autre cadre un peu plus éloigné de la plage.

« Quand nous étions encore enfants, la mer était si loin de chez nous. Nous marchons sur une longue distance avant d’arriver à la plage. Le terrain sur lequel ont jouait au foot à l’époque est resté dans la mer ainsi que trois routes bitumées et un marché. La paroisse St Joseph qui est abandonnée par l’église catholique était si loin de la mer », raconte Têtê Agbodjan, natif du milieu.

Des études réalisées par CICC et le Ministère de l’Environnement et des Ressources forestières (MERF) en 2010, révèlent qu’environ 500 mètres de terre se retrouvent dans le ventre de l’océan, avec les routes, les villages et de nombreuses infrastructures tant publiques que privées, depuis le début du phénomène de l’érosion côtière dans les années 1960.

Selon les experts, la hausse du niveau de la mer, due au réchauffement climatique, est la principale cause de l’accélération de l’érosion côtière. Mais au Togo, les constructions humaines ont également aggravé la situation, notamment l’expansion du port en eaux profondes au large de Lomé à la fin des années 1960.

En réalité, le gouvernement togolais a fait de la lutte contre l’érosion côtière, une grande priorité. Déjà en 2010, une somme de 3 milliards FCFA a été dépensée pour construire neuf épis-puits sur 3 500 mètres linéaires de côte afin de sauver six quartiers de la ville d’Aného à travers le Programme national d’investissement pour l’environnement et les ressources naturelles.

En 2012, un épi a été mis en place à l’extrémité de l’infrastructure portuaire en vue d’accélérer l’accumulation du sable. Dans le cadre de la réhabilitation de la route Lomé-Cotonou, outre le rechargement massif en sable, il se construit 28 épis de 80 à 120 mètres. Ce sont des puits d’une hauteur de 06 à 08 mètres remplis de bétons installés le long de la côte pour empêcher les vagues de ruiner la plage.

En 2017, une étude menée par la Banque mondiale avait révélé que la dégradation de l’environnement côtier aurait couté 186 milliards de francs CFA au Togo. L’érosion côtière prend une part d’environ 130 milliards FCFA, soit 4,4% du PIB de cette année.

Depuis 2018, plusieurs pays dont le Togo ont mis en place le Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA Resip) dont le but est d’aider les pays à harmoniser leur gestion des infrastructures et des ressources naturelles afin d’accroître leur résilience au changement climatique en général, et à l’érosion côtière et aux inondations en particulier. « Ce projet est un projet intégré qui ne concerne pas seulement notre pays mais qui concerne un certain nombre de pays de l’Afrique de l’ouest qui partagent la même préoccupation et les mêmes défis. Lomé est en dessous du niveau de la mer et donc si on ne protège pas la côte, c’est tout Lomé qui est confronté à ce défi. Et c’est pour cela que le gouvernement a fait de ce projet, un projet prioritaire phare de sa feuille de route », a indiqué Sani Yaya, ministre de l’économie et des finances.

Les travaux d’urgence du projet WACA Resip, ont permis de protéger 940 ménages de l’érosion côtière sur 1 580 mètres entre Gbodjomé et Agbodrafo. En tout, 09 localités bénéficient de ce projet qui montre déjà des résultats positifs.

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