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Rétrospective/Affaire des 49 militaires ivoiriens: comment la diplomatie togolaise a désamorcé la crise entre Abidjan et Bamako

Réputée pour son efficacité, la diplomatie togolaise n’a ménagé aucun effort pour obtenir, en moins de six mois, la libération des 49 militaires ivoiriens arrêtés en juillet 2022 au Mali. Retour sur un épisode géré d’une main de maitre par le président Faure Gnassingbé.

Dimanche 10 juillet 2022. Telle une traînée de poudre, l’information relative à l’arrestation de militaires étrangers, notamment ivoiriens, 49 au total, sur le tarmac de l’Aéroport international Modibo Keita-Senou de Bamako, circule sur les réseaux sociaux. C’est le début d’une crise –jusque-là latente – entre les autorités maliennes de la transition et le gouvernement de Côte d’Ivoire.

En effet, si les premières ont vite fait d’évoquer une « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat », qualifiant les militaires arrêtés de « mercenaires », Abidjan, 48 heures après l’arrestation, a expliqué qu’ils « sont régulièrement inscrits dans l’effectif de l’armée ivoirienne et se trouvaient au Mali dans le cadre des opérations des Eléments nationaux de soutien » à la Minusma. Et que leur présence dans le pays voisin était conforme aux mécanismes de soutien aux contingents des pays contributeurs de troupes dans le cadre des Missions de maintien de la paix, et bien connue des autorités maliennes. Ces deux versions ont crispé les positions autour du dossier, et Bamako d’annoncer la tenue imminente d’un procès.

C’est ainsi que la diplomatie togolaise se met en branle. Première épisode d’une série in fine à succès, un entretien entre Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères du Togo, et Assimi Goita, le président de la transition malienne, le 18 juillet à Bamako. Le chef de la junte malienne s’est alors dit « ouvert au dialogue » et disposé à œuvrer à un dénouement heureux de cette situation. Tout en souhaitant que le Togo mène une mission de bons offices entre les parties concernées.

Lomé au four et au moulin

En réponse, Faure Gnassingbé a « accepté la proposition faite par les autorités maliennes de conduire la facilitation entre le Mali et la Côte d’Ivoire en vue de la libération des 49 militaires ivoiriens détenus à Bamako », a indiqué le chef de la diplomatie togolaise sur son compte Twitter au soir.

Pour prendre un premier pouls, le chef de l’Etat togolais, sans perdre du temps, reçoit, dans la même semaine, deux délégations des différents protagonistes, l’une après l’autre. Ce jour-là, les deux positions se sont enlisées, Bamako exigeant que la Côte d’Ivoire exprime officiellement « des regrets », et que lui soit rendus des ressortissants maliens vivant en Côte d’Ivoire, ou simplement de passage, recherchés par la justice malienne. Que nenni, clament les émissaires d’Alassane Ouattara.

Mais la multiplication des initiatives courant août 2022 entre Lomé, Abidjan et Bamako a permis, début septembre, la libération des 3 femmes du contingent. Une libération « à titre humanitaire », obtenue par la médiation togolaise sans grand bruit.

Triomphe

« Le président de la République togolaise se réjouit que le président Assimi Goïta ait accepté en guise de geste humanitaire, de libérer trois prisonniers sur les 49 », avait déclaré Robert DUssey face à la presse à Lomé. Promettant que les discussions étaient en cours pour que « très rapidement les autres soldats en détention puissent aussi recouvrer leur liberté totale ».

C’est ainsi que de ces discussions, Lomé a pu obtenir, début janvier, la libération des tous les militaires arrêtés au Mali, et entre-temps condamnés à 20 ans de réclusion criminelle par la justice malienne, après avoir été reconnus coupables notamment d’« attentat et complot contre le gouvernement ».

« C’est en effet deux jours seulement après un déplacement express du président de la République Togolaise à Bamako puis à Abidjan ce 4 janvier, qu’intervient ce dénouement dans la crise née de l’arrestation des soldats ivoiriens au Mali le 10 juillet 2022 », confie une note de la présidence togolaise en date de 7 janvier 2023.

L’épilogue de cette affaire sous la médiation du Togo – saluée par les parties concernées l’opinion nationale ainsi que la communauté internationale –  marque un tournant dans le rayonnement de la diplomatie. Qui, depuis, ne ménage aucun effort pour maintenir la paix et faire face aux défis diplomatiques et sécuritaires du continent africain. D’ailleurs, Lomé s’active pour un dénouement heureux de la crise au Soudan, facilite les échanges entre la Cédéao et la junte militaire au Niger afin d‘obtenir la libération de Mohamed Bazoum. Entre autres.

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