« Des perspectives mitigées : surendettement, croissance vacillante et baisse de l’inflation » : c’est le thème de l’édition 2023 des Perspectives de développement en Afrique de l’Ouest, une publication annuelle éditée par la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) sur les économies de la région. Dont le Togo. Extrait d’un document qui met en évidence la situation contrastée de l’économie ouest-africaine au cours de l’année.
Performance macroéconomique
L’économie togolaise a enregistré un taux de croissance de 5,4 pour cent en 2022, contre 5,3 pour cent en 2021, malgré la hausse de l’inflation. L’inflation moyenne a atteint son plus haut niveau depuis deux décennies, soit 7,6 pour cent en 2022, contre 4,5 pour cent en 2021, en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires, des engrais et de l’énergie. Le déficit budgétaire s’est nettement creusé atteignant 7,3 pour cent du PIB en 2022, contre 4,6 pour cent du PIB en 2021, en raison des interventions du gouvernement dans le secteur pétrolier et d’autres dépenses sociales visant à protéger les populations des aléas de la guerre en Ukraine. Le creusement du déficit budgétaire a entraîné une nette augmentation du ratio de la dette rapportée au PIB, qui a atteint 68,0 pour cent, contre 63,7 pour cent en 2021. Le déficit du compte courant s’est également détérioré, passant de 0,9 pour cent du PIB en 2021 à 2,8 pour cent du PIB en 2022.
Perspectives
L’économie togolaise devrait croître de 5,5 pour cent en 2023 et de 5,7 pour cent en 2024, l’inflation moyenne devrait diminuer pour atteindre 6,1 pour cent en 2023 puis 4,5 pour cent en 2024. La baisse de l’inflation devrait créer une certaine marge de manœuvre budgétaire pour le gouvernement, étant donné qu’elle participerait à réduire significativement les dépenses de subvention sur les prix du carburant et des engrais. En effet, le déficit budgétaire devrait se réduire pour atteindre 6,1 pour cent du PIB en 2023, puis 5,3 pour cent du PIB en 2024. Cela devrait ralentir l’évolution de la dette publique, le ratio dette/PIB devrait se situer autour de 68,5 pour cent en 2023 avant de remonter à 69,0 pour cent en 2024. Toutefois, le déficit du compte courant devrait se dégrader pour atteindre 4,1 pour cent du PIB en 2023, avant de s’améliorer pour atteindre 3,8 pour cent en 2024.
Défis à relever
L’économie togolaise est confrontée à une myriade de risques, tout comme les autres pays de la sous-région. L’insécurité dans la région sahélienne a engendré des attaques sporadiques dans certaines parties du nord du Togo en 2022. Une récurrence de ces attaques en 2023 pourrait entraîner des conséquences négatives sur la production vivrière. En outre, le resserrement des conditions financières mondiales pourrait nuire à la capacité du pays à mobiliser suffisamment de ressources pour financer la feuille de route gouvernementale et d’autres programmes de développement en 2023 et 2024. La hausse des taux d’intérêt pourrait également faire échouer le programme d’assainissement budgétaire, ce qui entraînerait des conséquences négatives sur la viabilité de la dette, étant donné que le pays n’est qu’à quelques points du seuil de 70 pour cent de la dette rapportée au PIB.