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Financement des infrastructures en Afrique : Les attentes de Faure Gnassingbé vis-à-vis du secteur privé et des partenaires du développement

En ouvrant, lundi 3 juillet 2023, les travaux du 1er Forum sur le financement des infrastructures (Forum Infra For Africa) et de l’Assemblée Générale Annuelle d’Africa50, le président togolais, Faure Gnassingbé a souligné la nécessité pour le secteur privé et les partenaires du développement d’apporter leur appui aux Etats en matière de financement des infrastructures. 

« Il nous faut aujourd’hui intégrer dans nos plans d’infrastructures un nouvel impératif. Les infrastructures doivent répondre au défi climatique, elles doivent devenir des « infrastructures vertes » ce qui, évidemment, en augmente le coût », indique-t-il.

En Afrique subsaharienne, selon la Banque Mondiale, le secteur public représente plus de 90% des investissements d’infrastructures.

Pour le président togolais, la dépense publique ne sera pas suffisante pour atteindre les objectifs de développement des infrastructures.

« Chacun le sait, la situation actuelle comme les perspectives à moyen terme n’offrent aucun espoir d’amélioration significative des capacités de financements publics. Le ralentissement économique mondial lié initialement à la crise pandémique du Covid-19 et renforcé depuis un an et demi par le conflit en Ukraine pèse lourdement sur les capacités budgétaires de nos gouvernements. Dans ces conditions, l’implication du secteur privé dans le financement des infrastructures est incontournable. Or qui dit financements privés, dit retour sur investissement. Et qui dit retour sur investissement, dit construction d’un modèle économique viable. Nous le savons tous, beaucoup se joue sur l’appréciation portée par les investisseurs sur l’environnement politique, sécuritaire, fiscal, économique ou encore monétaire du pays dans lequel ils vont investir. Mais il ne suffit pas de faire des réformes «pro-business». Un partenariat avec l’État, autour de nouvelles politiques industrielles, est crucial pour attirer les capitaux étrangers », préconise-t-il.

Et de poursuivre, que l’implication de l’État est nécessaire pour attirer des capitaux privés.

« D’aucuns ont longtemps répété qu’il suffisait de ne pas entraver la libre circulation des capitaux pour qu’ils répondent à l’ensemble des besoins en investissement partout sur la planète. Historiquement, cette approche n’a jamais tenu ses promesses. De fait, l’ouverture des marchés de capitaux n’a pas eu pour conséquence une réelle accélération des investissements des pays riches vers les pays pauvres. Parfois, c’est même l’inverse qui s’est produit : les capitaux ont même fait marche arrière, selon le FMI qui s’est penché sur ce paradoxe. C’est ainsi que les grands programmes de privatisations des années 90 ont montré que la qualité des institutions ne doit pas être négligée. Sans un cadre réglementaire stable et cohérent, l’ouverture aux capitaux peut se faire au détriment du climat des affaires. Le marché ne saurait donc, à lui seul, créer un environnement « pro-business ». Il est donc de notre responsabilité, en tant qu’acteurs politiques, de nous employer à garantir un espace économique stable, transparent et réceptif aux contraintes des opérateurs économiques », lance Faure Gnassingbé.

Renforcer la politique industrielle

Le président togolais plaide pour plus de politiques industrielles. Il estime que les financements privés  doivent entrer dans le cadre global des politiques de développement des pays.

« L’accompagnement des fonds publics par les financements privés doit devenir plus fréquent. Ce n’est pas seulement un impératif budgétaire. C’est aussi un atout en matière de résilience. C’est ce que montrent, par exemple, les réseaux internet qui ont été très largement développés par des opérateurs privés ce qui explique aujourd’hui l’extrême résilience de ces infrastructures. C’est dans ce partenariat fécond, autour de nouvelles politiques industrielles, que l’implication du secteur privé dans les infrastructures se construira en bonne intelligence avec les responsables publics concernés ».

Le numéro 1 du Togo, estime que le partenariat entre le secteur privé et les pouvoirs publics ne sera fécond que s’il est rentable.

« Cette rentabilité dépend notamment de la capacité de faire évoluer la taille des projets en fonction de l’évolution des contraintes notamment financières. Elle dépend aussi de la standardisation des projets. Cette standardisation permettra d’importantes économies d’échelle sur la construction comme sur le fonctionnement. Elle peut même s’appliquer aux études préparatoires qui sont un élément-chef pour la réalisation de projets efficaces ».

Renforcer l’appui des partenaires du développement

Selon le président togolais, la nécessaire coopération entre financeurs privés et financeurs publics, comme l’engagement public à l’amélioration du climat des affaires, comme encore la définition de grands axes de stratégie industrielle ne peut se faire sans l’appui de nos partenaires institutionnels.

Il compte donc sur les partenaires du développement pour aider l’Afrique sur deux grands chantiers.

« Il faut qu’ils nous aident à préserver notre capacité d’investissement.         A un moment où beaucoup d’entre nous ont des dépenses sécuritaires très élevées, il faut que soit reconnue notre contribution à la sécurité collective. Et il faut que ceci se traduise par un appui à notre situation financière. Ensuite, il est important qu’en temps de crise les partenaires au développement s’impliquent davantage dans le de-risking des investissements privés, notamment à travers des garanties. C’est là une condition pour que le partenariat public-privé soit porteur de belles opportunités » , précise-t-il.

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