Dans un geste audacieux visant à revitaliser le secteur bancaire national, le gouvernement togolais a annoncé son intention d’investir massivement dans l’Union Togolaise de Banque (UTB), une institution bancaire entièrement détenue par l’État et en cours de privatisation, selon les dispositions de la loi de finances 2024.
L’initiative prévoit une injection substantielle de 13 milliards de FCFA dans les fonds propres de l’UTB. Cette démarche stratégique est destinée à surmonter les défis persistants auxquels la banque est confrontée depuis près d’une décennie, notamment une insuffisance marquée de ses fonds propres. Ces difficultés ont entravé les efforts de l’UTB pour attirer des investisseurs malgré les pressions exercées par des institutions telles que le Fonds Monétaire International (FMI) et d’autres bailleurs de fonds internationaux.
La composition du portefeuille de crédit de l’UTB, marquée par une exposition significative au gouvernement (environ un tiers de ses crédits totaux) et aux industries du coton et du phosphate en quête de revitalisation, explique en partie cette situation délicate. De plus, la banque doit faire face à des taux élevés de prêts non performants (PNP), soulevant des inquiétudes quant à la viabilité de ses activités de crédit.
Cette injection de fonds s’ajoute à une autre allocation prévue de 66,9 milliards de Francs CFA au cours de la même année, destinée à l’acquisition des sièges et autres infrastructures liés à l’UTB, ainsi qu’à IB Bank, anciennement connue sous le nom de BTCI, jusqu’à son acquisition en 2021.
Le gouvernement togolais a traversé une période de réflexion entre le renflouement de la banque et sa privatisation pure et simple entre 2018 et 2020. Sous la pression du FMI, qui préconisait l’implication d’un acteur externe de « référence » pour des raisons budgétaires, le choix de la privatisation a finalement été privilégié.
Cependant, selon les enquêtes de Togo First, la nouvelle approche combinée des autorités togolaises, matérialisée par la signature récente d’un accord de près de 400 millions de dollars sur 42 mois avec le FMI, devrait accroître le déficit budgétaire de 1,1 % du PIB.
Malgré ces défis financiers, le gouvernement reste optimiste quant aux retombées positives de l’acquisition des sièges des deux banques, anticipant des revenus budgétaires réguliers à moyen et court terme. Cependant, aucune information détaillée n’a encore été divulguée sur le plan d’amortissement de cet investissement.
L’annonce de ces opérations introduit actuellement une certaine incertitude, notamment après les prétentions de Sunu Bank et Coris Bank l’année dernière en tant que prétendants potentiels à la reprise de l’UTB. Bien que Sunu Bank se soit retirée ultérieurement, des sources de Togo First indiquent que Coris Bank reste fermement engagée dans le processus, en compétition avec un autre acteur. L’évolution de cette situation sera suivie de près, avec des implications potentielles sur le paysage financier togolais.